« Assis en face du tronc,

Jésus regardait comment la foule

mettait de l’argent dans le tronc. »

Marc 12,41-44

La pauvre veuve, jetant ses deux derniers centimes dans le tronc du temple, n’est pas l’illustration de cette vérité générale – qui trop souvent ne sert que d’alibi aux riches : « Ce n’est pas l’argent qui compte, c’est l’intention avec laquelle on le donne ! »

Cette femme qui donne « tout ce qu’elle avait pour vivre » (on pourrait même traduire : « toute sa vie ») est une parabole. La parabole de Jésus qui s’en va donner toute sa vie, se remettant corps et biens à Dieu. Ce n’est pas un hasard, si l’Évangile situe cet épisode à l’entrée du récit de la Passion du Christ comme une espèce de « préface » : Comme cette femme qui confesse que Dieu est Dieu en lui abandonnant sa vie et tout ce qui l’assure, Jésus s’en va pour tout donner, toute sa vie, pour que subsiste en son « Corps », le Temple, le lieu où l’homme pourra rencontrer Dieu.

Mais ne vous y trompez pas : il ne s’agit pas pour autant de « spiritualiser » cette histoire d’offrande…et d’argent. Comme si « le matériel n’était rien – seul est essentiel le spirituel ». Cette « porte vers la Passion », ce haut-lieu des « choses spirituelles » est un lieu où les gens, les riches et les pauvres, apportent leur argent.

L’argent, lui aussi, est comme une parabole – et contrairement à ce que beaucoup croient, la ligne de partage ne passe pas entre le « spirituel » et le « matériel » – entre l’argent et la piété. Avec l’argent, cette veuve donne tout – et cela s’appelle l’amour. En refusant son argent, on refuse aussi son cœur. En le retenant pour ne donner que le superflu, on retient son cœur. Et on devient un arbre sans fruits. Et voilà comment l’argent, gardé ou donné, retenu ou abandonné, devient le lieu par excellence où notre amour de Dieu se manifeste.

François ARNOLD
Pierre-Philippe BAYART
Robert RIBER
Charles SINGER
Fritz WESTPHAL

L’argent